mardi 30 octobre 2012

Corridor soyeux

 
 
Plus rien ne nous retient sur les voies de l’extase
Ton prépuce lilas s’agrippe entre mes lèvres
Quand nos deux corps mouillés se sentent bien en phase
Et que mes reins se cambrent en cet instant de fièvre
 
Je t’emmène avec moi dans cette cavalcade
Où je t’attire au fond des îles incandescentes
Dans cet endroit secret où j’attends l’estocade
Dont tu me combleras dans une valse lente
 
Je ne pourrai pas voir le plaisir dans tes yeux
Mais je ressentirai ton souffle dans mon cou
Et tes mains s’agrippant à mon bassin soyeux
Jusqu’à ce que, de ton vit, je sente les à coups
 
Libérant ta rivière contre mes chairs vives
Tu gémiras encore tel un loup aux abois
Car je serai pour toi l’indolente captive
Qui t’a ouvert la faille que jalouse la soie
 
Quand enfin rassasiés des plaisirs illicites
Je te dirai les mots que tu voudrais entendre
Je jouirai encore de ton cœur qui palpite
Quand je te confierai le baiser le plus tendre

mardi 16 octobre 2012

Nous nous sommes tant aimés


 
 
Nous nous sommes tant aimés
Jusqu’à la déchirure
Dont nos sens inversés
Furent les points de suture
 
Nous nous sommes tant aimés
Jusqu’aux orgasmes doux
Qui, de ma volupté,
Vous rendaient très jaloux
 
Nous nous sommes tant aimés
À nous tordre les doigts
D’être ainsi séparés
Par des vies de guingois
 
Nous nous sommes tant aimés
Jusqu’au seuil de la haine
Où vos cris d’aliéné
M’entouraient d’une chaîne
 
Nous nous sommes tant aimés
Au point que mes artères
Rendaient dénaturés
Vos rêves délétères
 
Nous nous sommes tant aimés
De la moelle jusqu’au sang
Mais vite déliés
Quand vous fûtes à cran
 
Nous nous sommes tant aimés
D’amour privé de chair
Que nos corps étiolés
Finirent dans l’ impair
 
Nous nous sommes tant aimés
À en crever l’écran
Mais les mots délabrés
Firent, de nous, des mourants
 
Nous nous sommes tant aimés
Je ne vous aime plus
Vos verbes ainsi jetés
Salissent ma vertu

 

 

 

mardi 9 octobre 2012

Sur ma bouche

 
Mets ton doigt sur ma bouche
Car les mots qui sont tus
Donnent à notre couche
Mille et une vertus

Mets ton doigt sur ma bouche
Car tous les mots non dits
Me rendent plus farouche
Devant nos interdits

Mets ton doigt sur ma bouche
Car un seul mot qui meurt
Est un son qui fait mouche
Quand le désir demeure

Mets ton doigt sur ma bouche
Car les mots qui me viennent
Sont ,de l’arbre, la souche
Des rêves qui reviennent

Mets ton doigt sur ma bouche
Car les mots dilués
Sont comme l’oiseau mouche
Au chant acidulé

Mets ton doigt sur ma bouche
Et surtout ne dis rien
Car je veux, de ta bouche,
Des baisers diluviens

jeudi 4 octobre 2012

Allô, chéri, c'est moi...



 
 Je fais ton numéro
Le téléphone sonne
Un compteur à zéro
Et mon être frissonne
 
Après trois sonneries
J’entends ton répondeur
Alors, je sens l’envie
De t’ouvrir mon cœur
 
Mais je ne parle pas
Et déjà , je raccroche
Je ne veux surtout pas
Qu’à nouveau, tu t’accroches
 
Car tu es loin de moi
Et toujours occupé
Mais je sais ton émoi
Quand tu songes au passé
 
Ce passé si lointain
Et pourtant bien vivant
Quand, la main dans la main,
Nous allions de l’avant
 
J’effleure doucement
La touche de rappel
Et ce geste innocent
Se veut circonstanciel
 
Tu vois, je réfléchis
Oui, je sais c’est idiot
De m’interdire ainsi,
De te laisser mes mots
 
Alors, je te rappelle
Mais tu ne réponds pas
Sans doute es-tu près d’elle
Alors, tu n’oses pas
 
C’est au signal sonore
Que je pourrai parler
Et tant pis si j’ai tort
De vouloir de troubler
 
J’hésite encore un peu
Et puis, je me confie
L’instant est si soyeux
J’ai l’accent qui scintille
 
« Allo, chéri, c’est moi
Rappelle-moi
Je t’aime »