jeudi 23 août 2012

Baiser d'automne

 
 
Voici enfin l’automne du premier baiser
Sous les arbres qui plient quand le vent hurle fort
Pour annoncer la pluie qui voudrait arroser
Le cortège d’été pris à son triste sort
 
Sous l’érable, où s’endort le bel écureuil,
Je t’attends, appuyée sur ce tronc dénudé
Ecoutant la chanson d’un bien triste bouvreuil
Et le doux requiem du merle fatigué
 
Je revois le printemps de nos rouges désirs
Qui empourprent les feuilles qui vont tapisser
Le sol chaud et mouillé où nos premiers soupirs,
Sur la mousse verdie, viendront s’abandonner
 
Mes joues entre tes mains, j’oublierai la saison
Savourant sur tes lèvres l’amour à contre-jour
Bercés par les sanglots tomber d’un violon
Abandonné naguère par un beau troubadour

mardi 21 août 2012

Si loin de vous, je tangue




Mes yeux sont des rivières inconsolables
Et mon âme ressemble aux torrents de sanglots
Quand mon être vacille sur l’horizon instable
Lacéré jusqu’à l’os par la lance des mots


Nous n’irons plus ensemble boire au même calice
Cette coupe d’or fin où nous posions nos lèvres
Pour y goûter le vin d’indicibles caprices
Loin d’un monde aux jouissances mièvres


Le livre est refermé sur des pages froissées
Où ma plume a vidé bien plus d’un encrier
Quand je touchais la vôtre en état d’hyménée
Mais, ce soir, nos verbes vont se désaccorder


C’est ainsi que finissent au jardin des ténèbres
Les plus belles histoires et les roses trémières
Quand la muse devient une valse funèbre
Que le poète danse, froid tel un cimetière


Le flacon de l’opium, au sol, vient se briser
La veine inspiratrice est à présent exsangue
Et l’aorte palpite avant de s’essouffler

lundi 20 août 2012

Le bruit de vos silences





Je déteste le bruit de vos si longs silences
Quand il frappent à la porte de ma solitude
Où la branche feuillue de toutes vos absences
Fait de l’ombre à mes heures de soudaine quiétude

J‘adorais l’herbe folle inondée de semence
Cette eau de jouissance que vous laissiez, hier
Sur les chardons piquants et les fleurs de jouvence
Où j’allais me vautrer loin du froid de l’hiver

Je déteste l’écart qui se creuse entre nous
Vos départs sans retours et les heures muettes
Où les secondes cognent et sèment tant de flou
Sur le doux avenir de nos plumes coquettes

J’aimais, de vous, les cris et les pleurs d’abandon
Quand vous m’imaginiez dans les bras d’un amant
Ce bellâtre créé dans la folle obsession
Que vous aviez pour moi mais, morte, maintenant

Reviendrez-vous encore au balcon des amours
Où je reste appuyée impatiente et frivole
M’amusant çà et là auprès de troubadours
Qui m’inventent des rimes en forme de lucioles

Je griffe chaque page restée vierge de vous
Et gaspille mon encre en de futiles verbiages
En attendant encore un précieux rendez-vous
Où nous oublierons, à jamais, d’être sages

lundi 13 août 2012

L'indigo de mes larmes



Quand j’étais loin de lui, il sombrait dans le vice
Et fréquentait les filles de petite vertu
Puis s’enivrait, sans fin, en buvant aux calices
Qu’offraient ces filles de joie en plus de leur corps nu
 
Il inventait, pour nous, des alcôves secrètes
Où nous faisions l’amour en rimes dissolues
Et je me faisais belle des pieds jusqu’à la tête
Mais au dernier quatrain, je me retrouvais nue
 
À la fin de ses lettres, il écrivait toujours
"Je vous aime" et, dessous, il déposait son nom
Moi, je me laissais prendre au piège de l’amour
Ne redoutant l’épée d’un futur abandon
 
En perdant tous mes dés à ce jeu de hasard
J’ai jeté le parfum qu’il aimait renifler
Car mon cœur et mes yeux sont gorgés d’un brouillard
Qu’une vapeur d’opium ne pourrait dissiper
 
Une histoire prend fin, une autre prend sa place
Et demain, je n’aurai plus le droit au chapitre
En comprenant, alors, que c’était une farce
J’écrirai un grand vide en guise de  sous-titre

 
 
 
 

 

mercredi 8 août 2012

Proposition indécente (texte pour adultes)


Au feu de vos enfers, je ferai outrage
Si vous léchez mes seins de votre langue bleue
Arrachant sans égard, les fils d’un corsage
Où se tient camouflée l’envie de votre queue

Puis, de votre mucus, je ferai ma blessure
Celle où saigne les mots qui n’ont pour seule issue
Que cette lèvre humide qui s’ouvre et se fissure
Sous la seule idée close de votre joie repue

Retournons à l‘abri, nous caresser l’intime
Cet antre familier bouillonnant d’indécence
Puis suspendons nos corps aux cordes du sublime
Et couchons nos salives en cette quintessence

Coulez jusqu’à ma gorge votre or licencieux
Que je boive votre âme en lapant tout excès
Quand votre berlingot, devenu belliqueux
Vous libère d’emblée en ce précieux accès

Je vous promets alors de conserver l’offrande
L’hostie plutôt aqueuse offerte sans prière
A ma bouche femelle peut-être trop gourmande
Qui implore, au plaisir, toute ses joies altières

Je me ferai goulue et jamais rassasiée
De cette jouissance exquise en votre corps
Quand devenue, pour vous, citadelle assiégée
Les yeux levés au ciel, vous supplierez encore

lundi 6 août 2012

Sous l'olivier






Les oliviers pleuraient des larmes de soleil
Sous un pan de ciel bleu qui servait de mouchoir
Au nuage jaloux de n’être point pareil
À ce grand anneau d’or brûlant mon entonnoir

Ce nombril d’un monde où la glace et le feu
Se lovent dans mon ventre, autrefois si frileux
Me rendant infidèle à tous mes rêves pieux
Quand je repense à vous me dévorant des yeux

La cigale rieuse camouflée dans les pins
Se frottait les deux ailes sur une écorce chaude
En voyant, sur mon corps, le plaisir diluvien
S’écouler tel un voile aux reflets d’émeraude

Alors, tous mes regards se posaient sur les vignes
Où des grappes précoces suspendues aux sarments
Me laissaient entrevoir déjà les premiers signes
Des vendanges d’amour dont je vous fais serment

Vigneron trublion, j’ai tant rêvé de vous
Durant ces heures tranquilles, allongée sur le sol
Au milieu des lavandes parfumant mes genoux
Quand le soleil gavait le précieux tournesol

J’imaginais nos corps légèrement vêtus
Découvrir peu à peu tous les divins plaisirs
Et je voulais, de vous, les vices et les vertus
En buvant, au goulot, le flot des élixirs

Je m’endormais repue d’images érotiques
Et me réveillais saoule de m’être abandonnée
À vos caresses d’ange aux pouvoirs oniriques
Et le temps s’envolait en jupe retroussée

jeudi 2 août 2012

Entre mes seins






Il m’embrassait entre les seins
Chaque fois qu’il me retrouvait
Dans l’antichambre du destin
Et qu’au désir, je succombais

Alors qu’il tentait de sucer
Mes mamelons déjà durcis
J’essayais de ne plus penser
Que mon cœur était déjà pris

Après avoir fermé les yeux
De ses lèvres si veloutées
Il convoitait, mon amoureux
L’antre des sources plus sacrées

Il savait goûter à l’intime
À mes fontaines jaillissantes
Et rendait l’instant plus sublime
Sur ma peau devenue brûlante

Dans ses cheveux couleur d’ébène
J’aimais enfouir mes dix doigts
Avant que l’orgasme ne vienne
Pour nous surprendre dans l’émoi

Et quand je pleurais en silence
De ne pouvoir m’abandonner
À tous ses rêves d’indécence
Auxquels il voulait m’initier
…Alors…
…il m’embrassait entre les seins…