samedi 30 mai 2009

Les amants de l'oubli

Aux portes des églises
Les amants endeuillés
Portent sous leurs chemises
Tant d’amour oublié
Qu’un cercueil d’ébène
Va mener au tombeau
Brisant toutes les chaînes
De sanglots en lambeaux

L’amante en son mouchoir
Camoufle en vain la peine
De ne plus s ‘émouvoir
Du doux chant des sirènes
L’amant de ses yeux noirs
Pleure sans faire de bruit
L’âme grise, l’âme noire
Qu’il porte encore en lui

La pluie sur les vitraux
S’abat comme deux cœurs
Qu’un duo de corbeaux
Assassine dans l’heure
Il n’y a plus d’espace
Plus de temps, plus de trace
Du passé d’un présent
Dont tous les deux se lassent

Le glas de leur union
Fait pleurer le clocher
Qui dénie l’abandon
De leur envie d’aimer
Leurs mains entrelacées
Retiennent entre leurs doigts
L’anneau d’or des fées
L’illusion d’autrefois

L’écho d’un carillon
S’entendra jusqu’aux cieux
Quand le temps du pardon
Annoncera l’heure bleue
Le beau son d’une lyre
Dans l’hiver endormi
Guidera l’oiseau-lyre
Au sommet de l’oubli

dimanche 24 mai 2009

Vice et Verseau


De mes rêves humides, sur la lisière du jour
Quand la nuit se retire dans le calice du ciel
Il me reste en vestige de tes gestes d’amour
La cyprine perlée sous la lune de miel

Au coton de mes draps engorgés de sueur
Que mon désir de toi fait pleurer sur ma peau
Quand les instants phalliques s’érigent en vainqueurs
Se mêle ta pluie d’or en guise d’oripeaux

Reine de l’Eridan, en robe de liqueur
Me voici en aval d’un amour indicible
Et la princesse Aril enrobe dans mon cœur
Le bras de ta rivière au courant si paisible

Héroïne liquide du cercle du zodiaque
Au crépuscule d’un songe, je m’éveille, lascive
Abandonnant le vice au milieu d’une flaque
Et me laisse couler vers les eaux de ta rive

mercredi 20 mai 2009

Matou


Au tout premier sursaut de l’ennui
Tu te pavanes sur les gouttières
Pour attirer toutes les souris
Tu quittes la chaude litière

Tête haute et queue bien dressée
Tu miaules pour mieux minauder
Par ton cri, les souris intriguées
Viennent à toi, le poil hérissé

Pour assouvir ton jeu de matou
Tu captureras la plus frêle
Qui, pour toi, gobera des cailloux
Avant de finir sous la grêle

Installée en mon nid secret
Moi, ta complice, je regarde
Défiler le destin d’un jouet
Prêt à s’incliner sous ta garde

Tu la prends et puis la secoues
Pauvre bête un peu trop stupide
Elle ignore qu’avec elle, tu joues
Tu sais bien qu’elle est trop candide

Fatigué de cette mignonne
Tu l’ignores, puis la rejettes
Revenant vers moi qui ronronne
Sur la paille tendre et douillette

Cou baissé, ventre détrempé
Tu la laisses un peu livide
Par mégarde, elle a dû succomber
A ton caprice si perfide

A trop jouer de tes entrechats
Te pensant toujours invincible
Un jour, tu seras fait comme un rat
D’un jeu, tu deviendras la cible

Toi, le beau matou aux yeux de lynx
Quand ta vie ne sera que débris
A te voir momifié comme un sphinx
Tu sauras que, là- haut, je « souris »

dimanche 17 mai 2009

Révérence


Quand j’entre dans le rêve au gré de ton errance
Sur la dune des mots, tu m’invites à la danse
Nos pas entrelacés sur l’échine des vagues
Font chavirer mon âme, nue sous sa robe d’algues

De rêves en dérives, je navigue en amante
Cherchant à m’échouer sur ta bouche béante
Le sel de ta langue portera bien plus haut
Le bateau de mes songes flottant sur les coraux

D’un long baiser frivole sur nos lèvres arides
A l’ombre des paupières des Dieux de l’Atlantide
La marée se retire dans un profond silence
La mer, alors, se tait et tire sa révérence


Ce poème fait écho au texte d'Emrys "RÊVE-ERRANCE":http://emrys-m.blogspot.com/2009/05/reve-errance.html

jeudi 14 mai 2009

Coup de foudre (vers libres)

Le soleil prend le voile
Au jour qui s’assombrit
Un nuage en sanglots
S’abandonne au chagrin

La pluie tombe en cerceaux
Sur la pelisse de l’eau
Eclaboussant ma peau
Câlinée par les joncs

Humide et indécent
Le vent, devenu fou
Fait frissonner mes seins
Que, souvent, je dénude

Un éclair incisif
Dans son cri de tonnerre
Déchire d’un seul trait
Le drap mouillé du ciel

Je cours me réfugier
Sous le saule qui pleure
Redoutant de la foudre
Sa flèche calcinée

De mon repère feuillu
Je vois la libellule
S’adonnant à la luge
Sur la feuille d’un roseau

L’oiseau de paradis
Etale ses couleurs
Qu’un peintre aux yeux lagon
Vient coucher sur sa toile

Si je ferme les yeux
Pour tutoyer le songe
J’y devine nos corps
Appelant Cupidon

Et nous faisons l’amour
Au pied d’un séquoia
Caressant les paupières
De la lune écarlate

Puis, nous partons enfin
le front mouillé de brume
Vers l’étoile filante
Sur le bas d’un nuage

Aux volets de l’orage
Apaisé et fourbu
Le roi soleil revient
Frapper tout doucement

Un doux zeste d’averse
Me prend en son noyau
Enroulant à mon cou
La clématite d’or

Plus bas que mon nombril
Des gouttes de rosée
S’entassent sur le fil
D’un vœu indicible

Je marche vers l’étang
Tu m’attends mon amour
Sous l’arc triomphant
Un lotus vient d’éclore